Friedrich Hölderlin   passage                                                                                    traduction proposée par Patrick Guillot

 
'In lieblicher Bläue...'      ‘En ce bleu adorable...’                  (1)
 

In lieblicher Bläue blühet
    En ce bleu adorable fleurit,
mit dem metallenen Dache der Kirchthurm. Den umschwebet
    avec son toit métallique, le clocher. Lui plane autour
Geschrei der Schwalben, den umgiebt die rührendste Bläue.
    le cri des hirondelles, l’embrasse le bleu le plus émouvant.
Die Sonne gehet hoch darüber und färbet das Blech,
    Le soleil passe très haut par-dessus et colore la tôle,
im Winde aber oben stille krähet die Fahne.
    mais dans le vent là-haut tranquille chantonne la girouette.
Wenn einer unter der Gloke dann herabgeht, jene Treppen,
    Lorsqu’il en est un sous la cloche descendant ensuite ces marches-là,
ein stilles Leben ist es, weil,
    c’est une vie si tranquille, car,
wenn abgesondert so sehr die Gestalt ist,
    lorsque tellement détachée est la forme,
die Bildsamkeit herauskommt dann des Menschen.
    la plasticité ensuite ressort, celle de l’homme.
Die Fenster, daraus die Gloken tönen, sind wie Thore an Schönheit.
    Les fenêtres, d’où retentissent les cloches, sont comme les portes  par la beauté.
Nemlich, weil noch der Natur nach sind die Thore,
    En effet, car de la nature encore proviennent les portes,
haben diese die Ähnlichkeit von Bäumen des Walds.
    ont-elles la ressemblance des arbres de la forêt.
Reinheit aber ist auch Schönheit.
    Mais pureté est aussi beauté.
Innen aus Verschiedenem entsthet ein ernster Geist.
    Du sein de la diversité naît un esprit sérieux.
So sehr einfältig aber die Bilder, so sehr heilig sind die, daß
    Mais tellement simples, les images, tellement sacrées sont-elles, que
man wirklich oft fürchtet, die zu beschreiben.
    vraiment on craint souvent de les décrire.
Die Himmlischen aber, die immer gut sind,
    Mais les Célestes, qui sont toujours bons,
alles zumal, wie Reiche, haben diese, Tugend und Freude.
    tout particulièrement, comme les riches, ont ça, vertu et joie.
Der Mensch darf das nachahmen.
    À l’homme est permis d’imiter cela.
Darf, wenn lauter Mühe das Leben, ein Mensch
    Est-il permis, quand la vie n’est que fatigues, à un homme
aufschauen und sagen : so will ich auch seyn ?
    de lever son regard et de dire : tel je veux être aussi ?
Ja. So lange die Freundlichkeit noch am Herzen, die Reine,
    Oui. Aussi longtemps que la gentillesse au cœur, la pure,
dauert, misset nicht unglüklich der Mensch sich
    lui dure encore, se mesure non sans bonheur l’homme
der Gottheit.
    avec la divinité.
Ist unbekannt Gott ? Ist er offenbar wie die Himmel ?
    Est-il inconnu, Dieu ? Est-il manifeste comme le ciel ?
dieses glaub’ ich eher. Des Menschen Maaß ist’s.
    c’est ce que je crois plutôt. La mesure de l’homme est cela.
Voll Verdienst, doch dichterisch,
    Plein de mérite, mais poétiquement,
wohnet der Mensch auf dieser Erde. Doch reiner
    habite l’homme sur cette terre. Mais plus pure
ist nicht der Schatten der Nacht mit den Sternen,
    n’est pas la pénombre de la nuit avec les étoiles,
wenn ich so sagen könnte,
    si je peux ainsi dire,
als der Mensch, der heißet ein Bild der Gottheit.
    que l’homme qui se nomme une image de la divinité.

Giebt auf Erden ein Maaß ?
    Est-il sur terre une mesure ?
Es giebt keines. Nemlich
    Il n’en est aucune. En effet,
es hemmen der Donnergang nie die Welten des Schöpfers.
    ils ne ralentissent jamais le cours du tonnerre, les mondes du créateur.
Auch eine Blume ist schön, weil sie blühet unter der Sonne.
    Même une fleur est belle, car elle fleurit sous le soleil.
Es findet das Aug’ oft im Leben
    Il trouve souvent, l’œil, dans la vie
Wesen, die viel schöner noch zu nennen wären
    des êtres qui seraient encore bien plus beaux à nommer
als die Blumen. O! ich weiß das wohl!
    que les fleurs. Oh! je le sais bien!
Denn zu bluten an Gestalt und Herz,
    donc, saigner de la forme et du cœur,
und ganz nicht mehr zu seyn, gefällt das Gott ?
    et ne plus être entier, cela plaît-il à Dieu ?
Die Seele aber, wie ich glaube, muß rein bleiben,
    Mais l’âme, comme je crois, doit demeurer pure,
sonst reicht an das Mächtige auf Fittigen der Adler mit lobendem Gesange
    sinon il parvient à la puissance, d’un coup d’aile, l’aigle avec chant élogieux,
und der Stimme so vieler Vögel.
    et la voix de tant d’oiseaux.
Es ist die Wesenheit, die Gestalt ist’s.
    Cela est l’essence, la forme est cela.
Du schönes Bächlein, du scheinest rührend, indem du rollest so klar,
    Toi, beau ruisselet, tu sembles émouvant pendant que tu roules si clair,
wie das Auge der Gottheit, durch die Milchstraße.
    tel l’œil de la divinité, à travers la Voie Lactée.
Ich kenne dich wohl,
    Je te connais bien,
aber Thränen quillen aus dem Auge. Ein heiteres Leben
    mais les larmes coulent de l’œil. Une vie enjouée,
seh’ ich in den Gestalten mich umblühen der Schöpfung, weil
    je la vois dans les formes autour de moi fleurissant, celles de la Création, car
ich es nicht unbillig vergleiche den einsamen Tauben auf dem Kirchhof.
    je ne la compare pas injustement aux colombes solitaires dans le cimetière.
Das Lachen aber scheint mich zu grämen der Menschen,
    Mais le rire semble m’affliger, celui des hommes,
nemlich ich hab’ ein Herz.
    en effet j’ai un cœur.
Möcht’ ich ein Komet seyn ?
    Voudrais-je être une comète ?
Ich glaube. Denn sie haben Schnelligkeit der Vögel ; sie blühen an Feuer,
    Je crois. Car elles ont la rapidité de l’oiseau ; elles fleurissent en feu,
und sind wie Kinder an Reinheit.
    et sont comme les enfants en pureté.
Größeres zu wünschen, kann nicht des Menschen Natur sich vermessen.
    Souhaiter plus grand, elle ne peut, la nature de l’homme, s’y risquer.
Der Tugend Heiterkeit verdient auch gelobt zu werden vom ernsten Geiste,
    L’enjouement de la vertu mérite aussi d’être loué
der zwischen den drei Säulen wehet
    par l’esprit sérieux qui, entre les trois colonnes, souffle
des Gartens. Eine schöne Jungfrau muß das Haupt umkränzen
    du jardin. Une belle jeune fille doit couronner sa tête
mit Myrthenblumen, weil sie einfach ist
    de fleurs de myrthe, car elle est simple
ihrem Wesen nach und ihrem Gefühl. Myrthen aber
    de par son être et son sentiment. Mais des myrthes,
giebt es in Griechenland.
    il en est en Grèce.

Wenn einer in der Spiegel siehet,
    Si quelqu’un voit dans le miroir,
ein Mann, und siehet darinn sein Bild, wie abgemahlt ;
    un homme, et voit là-dedans son image, comme dépeinte,
es gleicht dem Manne.
    elle ressemble à l’homme.
Augen hat des Menschen Bild,
    Des yeux a l’image de l’homme,
hingegen Licht der Mond.
    par contre de la lumière la Lune.
Der König Œdipus hat ein Auge zuviel vieleicht.
    Le roi Œdipe a un œil de trop, peut-être.
Diese Leiden dieses Mannes, sie scheinen unbeschreiblich, unaussprechlich,
    Les souffrances de cet homme, elles semblent indescriptibles, indicibles,
unausdrüklich.
    inexprimables.
Wenn das Schauspiel ein solches darstellt, kommt’s daher.
    Lorsque par le drame une telle chose est exposée, ça vient de là.
Wie ist mir’s aber, gedenk’ ich deiner jetzt ?
    Mais qu’en est-il de moi qui pense à toi à l’instant ?
Wie Bäche reißt des Ende von Etwas mich dahin,
    Tels des ruisseaux m’arrache la fin de quelque chose là-bas,
welches sich wie Asien ausdehnet.
    qui s’étend comme l’Asie.
Natürlich dieses Leiden, das hat Œdipus.
    Naturellement, cette souffrance est celle qu’a Œdipe.
Natürlich ist’s darum.
    Naturellement, c’est pour cela.
Hat auch Herkules gelitten ?
    Hercule a-t-il aussi souffert ?
Wohl. Die Dioskuren in ihrer Freundschaft
    Certes. Les Dioscures dans leur amitié
haben die nicht Leiden auch getragen ? Nemlich
    n’ont-ils pas aussi la souffrance à supporter ? En effet,
wie Herkules mit Gott zu streiten, das ist Leiden.
    comme Hercule avec Dieu d’avoir à lutter, cela est souffrance.
Und die Unsterblichkeit im Neide dieses Leben,
    Et l’immortalité dans la jalousie de cette vie,
diese zu theilen, ist ein Leiden auch.
    d’y avoir part est aussi une souffrance.
Doch das ist auch ein Leiden, wenn mit Sommerfleken ist bedekt ein Mensch,
    Pourtant c’est une souffrance aussi quand de taches de rousseur est couvert un homme,
mit manchen Fleken ganz überdekt zu seyn! das thut die schöne Sonne :
    de nombreuses taches être entièrement recouvert! c’est ce que fait le beau soleil :
nemlich die ziehet alles auf.
    en effet il tire sur tout.
Die Jünglinge führt die Bahn sie mit Reizen ihrer Strahlen
    Des jeunes gens il conduit le chemin, avec les charmes de ses rayons
wie mit Rosen.
    comme avec des roses.
Die Leiden scheinen so,
    Ces souffrances semblent être,
die Œdipus getragen,
    celles qu’Œdipe supporta,
als wie ein armer Mann klagt,
    comme si un pauvre homme se plaint
daß ihm etwas fehle.
    que quelque chose lui manque.
Sohn Laios, armer Fremdling in Griechenland!
    Fils de Laïos, pauvre étranger en Grèce!
Leben ist Tod, und Tod ist auch ein Leben.
    Vie est mort, et mort est aussi une vie.